Ne me dis pas
Que toi aussi
Tu as travaillé
A la construction du barrage
Ne me dis pas
Que toi aussi
Tu as vécu
De cette rage
C’était donc ça
Ces absences répétées
Cette haleine recuite
Le soir quand tu rentrais
Et ces vertiges
Qui te prenaient
Au milieu de la nuit
Au détour d’un sentier
Quel oiseau sacré avons-nous fait périr
De quel péché voulais-tu nous laver
Qu’y avait-il tant à enfouir
Qu’y avait-il tant à empêcher
Le mal est fait et l’eau claire qui courait
la voici entravée
Le village englouti
Et tu crois ta peine passée
Il n’y a plus qu’à attendre
Le long des berges meurtries
Il n’y a plus qu’à attendre
Et guetter
Car tout finit par ressurgir
Tout ce qui est noyé
Finit par remonter
Tout finit par se savoir
Qui d’autre savait ?
Qui d’autre allez !